Crédit photo : Réseau de transport de la Capitale
Cet article provient de notre Magazine Se comprendre édition de mars 2019. Il est écrit par Ariane Millette.
Le Réseau de transport de la Capitale (RTC) s’est renseigné sur l’accessibilité de son service envers les personnes possédant des limitations.
Le 26 janvier 2019, par l’entremise d’un groupe de discussion à l’IRDPQ, six personnes atteintes de surdité ont commenté les aspects positifs et négatifs des déplacements en transport collectif.
Elles ont témoigné de maintes améliorations depuis les vingt dernières années, notamment les écrans qui offrent un appui visuel des arrêts à l’intérieur des autobus, l’application RTC Nomade temps réel et les bornes d’information aux stations.
Leur dépendance à ces outils s’avère cependant problématique lors de bris ou de grèves, tel qu’en 2017 quand des chauffeurs ont suspendu l’affichage d’information sur les écrans à l’intérieur d’une majorité de véhicules pour presser des négociations(1).
Les passagers atteints d’un trouble auditif ne peuvent pas compter sur la parole pour se renseigner ; la voix du conducteur pouvant être indistincte ou complètement inaudible.
Cela est source de stress s’ils empruntent un trajet non familier ou si des avis importants sont mentionnés de vive voix.
« Lorsqu’il y a une situation d’urgence et qu’on doit sortir de l’autobus, on suit les gens sans savoir ce qui se passe, » a déclaré une jeune utilisatrice malentendante présente à la rencontre.
Pour remédier à cela, il fut suggéré de recevoir sans frais les alertes par messages textes grâce à un système de données.
Le groupe de discussion s’est aussi prononcé sur une diversité de solutions : augmenter le volume de l’annonce des arrêts et la taille de police des écritures, offrir un service wifi gratuit dans les autobus, mettre les directives verbales fréquentes sur les écrans d’affichage (ex. : faites de la place, dirigez-vous vers l’arrière) ou les assigner à des couleurs précises de lumières clignotantes. Comme une surabondance de passagers peut bloquer les écrans et que l’éblouissement du soleil rend leur lecture pénible, il a été conseillé de les repositionner au milieu des autobus.
Les individus présents ont pu s’entendre sur la mesure la plus pressante : sensibiliser le personnel du RTC. Qu’importe s’il communique avec une personne malentendante ou entendante, celui-ci se doit de garder patience s’il se voit obligé de répéter maintes fois les renseignements et de ralentir le débit de sa parole. Cela concerne également les employés aux points de vente qui sont de surcroît tenus de regarder le locuteur, de ne pas effectuer une autre tâche en même temps et de minimiser les bruits. Entre autres, avoir la possibilité d’acheter des billets en ligne ou de prendre rendez-vous dans une salle fermée éviterait la mauvaise communication et faciliterait l’autonomie.
La fréquence d’utilisation du RTC des participants se situait entre quelques fois par semaine et tous les jours pour motifs de travail, d’études, de loisirs et de déplacements généraux tels que se rendre à l’épicerie ou chez un médecin. Les représentants du RTC sont repartis avec leurs notes, non sans plusieurs remerciements des communautés sourdes et malentendantes. Il ne reste qu’à savoir lesquelles des solutions proposées seront prises en charge par le RTC d’ici les prochaines années.
—-
(1) Céline Fabriès, « Des négociations au RTC entraînent déjà des répercussions sur la clientèle », monQuartier, 23 février 2017, https://monquartier.quebec/2017/les-negociations-au-rtc-entrainent-dejades-repercussions-sur-la-clientele/